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Cette œuvre réunit sept séries de photographies, prises (pour la plupart) dans le lieu même où l'œuvre a été exposée par la suite. La transformation visuelle de l'œuvre est générée par le son : le bruit du trafic routier ou le battement des mains des spect'acteurs.

Collido_scope est une installation qui a été créée pour le Festival 1er Contact, à Issy-les-Moulineaux, en 2002, qui réunissait des œuvres numériques créées pour être exposées dans un environnement extérieur, urbain.

COLLIDO_SCOPE
Exposé artistique
Schéma structurel
Monoprix
Parapluies
Colonnes
Saint Germain
Greziolles
Issy la Nuit
Des Mains et des Mets

Le Cube est un centre pour les arts numériques basé à Issy-les-Moulineaux. Issy - et son maire, André Santini - revendiquent le statut de toute première ville "cyber" en France. La municipalité à incorporé un grand nombre de services administratifs sur le site web de la ville. Elle prétend être la première commune à avoir célébré un mariage en ligne.

Le Cube offre un programme diversifié de conférences, expositions, et formations, ainsi que des ateliers où les gens peuvent travailler sur leurs projets. Néanmoins ses activités dépassent largement ce cadre, car il offre aux artistes des résidences leur permettant d'effectuer des recherches sur différents thèmes. Le Cube a été créé par l'association ART3000, sous l'égide de Nils et Florent Aziosmanoff et Stéphanie Fraysse-Ripert. Depuis plus de dix ans, ART3000 organise des colloques sur l'art numérique.

Le Cube occupe plusieurs étages d'un très joli bâtiment moderne en béton, avec un intérieur spacieux et des plateformes extérieures qui donnent l'impression d'un bateau aérien flottant au-dessous du quartier environnant.

En 2002 le Cube m'a invité à réaliser une installation pour le Festival 1er Contact, du 16 à 20 octobre. L'objectif du festival était de placer des œuvres d'art numérique dans un cadre urbain, à l'extérieur, avec un mobilier urbain spécialement conçu à cet effet.

J'ai donc travaillé sur Collido_scope durant tout l'été, visitant Issy à plusieurs reprises afin de m'imprégner du lieu et son être psychogéographique. J'avais décidé de focaliser mon project sur le centre ville, l'environnement immédiat de l'hôtel de ville, dans le quartier où l'exposition devait avoir lieu. Ainsi l'œuvre serait exposée sur le lieu même de sa création. J'ai passé un long weekend d'août à faire des centaines de prises de vue, me dépêchant réguliérement au Cube afin de vider mes cartes mémoire.

Un motif présent dans Collido_scope - et qui lui donne son titre - est une fresque murale en carreaux de céramique, d'une geométrie forte, dans un style années soixante ou soixante-dix, où elle a été probablement édifiée. Je l'ai utilisée comme fond pour la scène principale, l'image étant coupée en deux, une moitié étant la réflexion de la fresque par la façade en verre du Monoprix. Ainsi j'ai capturé les gens entrant et sortant du magasin, avec le contrepoint de leurs réflexions. Mélanger les images dans un fondu continu et aléatoire génére l'effet kaléïdoscope.

Afin de prendre ces images, j'ai placé mon trépied dans une entrée condamnée, avec mon appareil aligné au ras de la façade. Un moment donné un monsieur élégant est sorti du Monoprix et m'a sommé de fournir une preuve d'autorisation à photographier "chez lui". J'ai commencé par lui expliquer qu'en termes d'espace urbain j'étais sur le trottoir, dans le domaine public, puis j'ai pensé être plus diplomatique en évoquant le festival. Racontez à un commerçant que la mairie est dans le coup et la soumission s'en suit. Satisfait, il rentrait dans son magasin.

En fait, l'emplacement choisi pour l'installation était juste là, l'écran devant être placé devant le mur en céramique. L'œuvre est lovée dans un élément de mobilier urbain à l'instar des sucettes publicitaires - mais contenant dans ce cas précis un écran plasma 42 pouces, un microphone, et un ordinateur puissant.

Par la suite j'ai dû traiter les images avec Photoshop et entreprendre la programmation. En même temps, Magelis tournait à plein régime, et j'étais occupé par ailleurs avec le projet A Corps et à Cris. Je suis retourné au Cube une semaine avant le festival afin d'y travailler en résidence, jour et nuit, parfois somnolant sur mon clavier, le soir à l'hôtel. Au Cube j'ai travaillé dans la même pièce qu'un collègue qui programmait trois chiens Aibo de Sony pour représenter Le Petit Chaperon Rouge pour un œuvre comportementaliste de Florent Aziosmanoff, directeur artistique du Cube et commissaire du festival.

Un matin, quelques jours avant l'inauguration, la productrice du festival est venue en courant pour raconter que des ouvriers étaient en train de démolir la fresque ! Elle a réussi à les stopper, laissant le mur à moitié détruit. Le directeur du supermarché, qui était en plein rénovation, avait décidé de le démolir la fresque pour la remplacer par un panneau indiquant la direction du parking. Malheureusement, le mur appartenait à l'immeuble adjacent... quand j'ai suggéré qu'on pourrait sauver la mise en ôtant certains carreaux pour rendre la démolition "esthétique", on m'a expliqué que cela ne sera pas envisageable, car le mur constitue désormais une pièce à conviction. Finalement on l'a caché partiellement avec des planches blanches, mais le lien entre le tableau et son environnement, à travers la fresque, est devenu brouillé. Une démonstration qu'un aspect de l'art en milieu urbain est de prendre en compte sa nature imprévisible, changeante. C'est la vie.

Après un nuit de café et d'aboiements Aibo, Collido_scope a été installé dans sa "sucette" le matin même de l'inauguration du festival. J'ai dû continuer la programmation in situ avec Roland Cahen de l'Ircam pour que l'interface de captage sonore marche correctement, le clavier placé en équilibre sur un chariot de supermarché sous une pluie légère. Le festival totalisait dix installations, très différentes (voir le site web de 1er Contact). Malheureusement il n'a duré que cinq jours, car le coût de la surveillance des œuvres et la location du matériel étaient très élevés. Mais tout le centre ville à été transfiguré, fonctionnant tel qu'un musée de plein air, les gens allant studieusement d'œuvre en œuvre avec leurs catalogues. C'était un énorme plaisir.

On m'a rapporté qu'un magicien était venu voir Collido_scope le samedi après-midi, il a fait que tous les gens présents à ce moment là battent leurs mains à l'unisson, et ça a très bien marché.

Collido_scope a été presenté une deuxième fois au Cube, en mars 2003, pour la Fête de l'Internet. C'était une occasion d'affiner l'interface sonore et de développer la dynamique des scènes. En février 2004 il a été exposé à Toulouse lors des rencontres Traverse Video. C'était l'opportunité pour développer les aspects "rêve" de l'installation.

Crédits

conception, photographie, programmation :
Joseph Rabie
 

programmation interface sonore :
Roland Cahen, avec l’environnement Jmax de l’Ircam (Centre Pompidou).
 

traitement d’image Photoshop :
Lysiane Beaumel
 

remerciements :
Sylvie Rabie, Florent Aziosmanoff, Clarisse Bardiou, Nils Aziosmanoff, Stéphanie Fraysse-Ripert et toute l’équipe du Cube, the Magelis team.

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